Réforme du Service de protection de l'adulte et de l'enfant

de: Claude Grimm, secrétaire syndicale

Manque de courage du Département pour la réforme en profondeur du Service de protection de l'adulte et de l'enfant.

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Le Syndicat des services publics – Région Neuchâtel (SSP-RN) regrette que malgré la volonté affichée du Département de la formation, de la digitalisation et des sports (DFDS) de placer la protection de l’enfant et de l’adulte au cœur du métier, il n’ait pas eu le courage de réformer en profondeur le Service de la protection de l’adulte et de la jeunesse (SPAJ). Pourtant, seule une séparation claire de ses rôles de placeur, financeur et contrôleur aurait permis de résoudre les problèmes de gouvernance qui se posent. Le SSP suivra par conséquent avec attention la mise en œuvre de la réorganisation et interviendra auprès des autorités compétentes pour exiger une réforme plus ambitieuse.

Le SSP-RN a pris connaissance de la réorganisation du Service de la protection de l’adulte et de la jeunesse (SPAJ) présentée vendredi dernier au personnel, avant d'être annoncée publiquement. S’il se réjouit de la volonté du Conseil d’État d’orienter le service sur son cœur de métier qu’est la protection de l’enfant et de l’adulte et de mieux soutenir le personnel dans le but d’apaiser le service, il s’interroge quant aux moyens mis en œuvre pour ce faire.

L’un des premiers gestes pour apaiser quelque peu les tensions aurait pu être d’autoriser le SSP, qui représente une partie du personnel dans ce dossier, d’assister à cette séance à laquelle plusieurs collaborateurs-trices n’ont pas pu se rendre, l’invitation ayant été envoyée à trop brève échéance.

Au-delà de ces considérations d’ordre organisationnel, le SSP considère que les mesures prises en matière de pilotage ne correspondent pas aux conclusions de l’audit de fonctionnement, notamment pour ce qui est de la séparation des pouvoirs, qui n’est pas appliquée. Le SPAJ continuera à cumuler les rôles de placeur, financeur et contrôleur, alors qu’une externalisation du contrôle financier et des institutions aurait été nécessaire pour assurer une bonne gouvernance. La question de savoir quelle instance tranchera en cas de conflit entre les secteurs financier et social reste donc entière et le SSP craint que les considérations d’ordre économique priment sur les besoins sociaux.

La séparation de l’Office des structures d’accueil extrafamilial et des institutions d’éducation spécialisée (OSAE) en deux structures distinctes (unités), l’une axée sur les prestations socio-éducatives et l’autre sur l’accueil, ainsi que la suppression des fonctions de chef-fe-s de service adjoint-e-s, laissent le SSP pour le moins dubitatif. La nouvelle organisation dont le but affiché est notamment de supprimer le fonctionnement en silo est tout sauf lisible, notamment en termes d’articulation entre les offices et les cinq unités créées. Par ailleurs, le SSP ne comprend pas pourquoi les dysfonctionnements liés au management de l’OSAE, qui ont été pointés par l’audit de fonctionnement, sont passés sous silence par le Département, alors qu’ils semblent être à l’origine de la réorganisation.

Le SSP relève également que les personnes dont les postes seront supprimés ont toutes été engagées par la tête du service, qui est également à l’origine de plusieurs problématiques relevées par l’audit de fonctionnement. Pourtant, force est de constater qu’à aucun moment cette dernière n’est remise en question et qu’elle sort au contraire renforcée par cette réorganisation.

Enfin, si le SSP salue la volonté du Département de mieux accompagner et soutenir le personnel qui a été passablement mis sous pression à la suite des réformes successives, il s’interroge sur le fait que cela passe par un renforcement de la politique des ressources humaines au sein du service, ce d’autant que l’accent sera mis sur l’accompagnement aux changements, et non pas sur la culture du dialogue et de l’échange.

Dans le même esprit, le SSP regrette que les groupes de travail à l’interne aient été mis sur pied avant les changements structurels, à un moment où le personnel ne disposait pas de la confiance nécessaire pour exprimer ouvertement ses positions. Ainsi, les résultats de ces derniers ne reflètent pas forcément la réalité du terrain, ce qui est regrettable.

En conclusion, le SSP craint qu’en supprimant quelques postes et en réorganisant de manière relativement superficielle le service, l’objectif soit de laisser croire que les structures seront modifiées en profondeur. Cela ne sera malheureusement pas le cas tant qu’une séparation des pouvoirs n’aura pas été effectuée. Au vu de ce qui précède, le SSP suivra avec attention la mise en œuvre de la réorganisation et interviendra auprès des autorités compétentes pour exiger une réforme plus ambitieuse.