Lancée à fin décembre 2020, la pétition du SSP-RN « Pour une inclusion scolaire réaliste, réfléchie et dotée de moyens » a récolté près de 2300 signatures (2293) en deux mois et demi, en pleine crise sanitaire, alors qu’il était pratiquement impossible d’organiser des récoltes de signatures. Ce succès démontre combien les enseignant-e-s des classes spécialisées (FS) ou de terminales (TE) mais aussi des classes régulières (FR), ainsi que des élèves des classes spécialisées, des professionnel-le-s en contact avec les jeunes en difficultés scolaires et/ou sociales, des parents d’élèves 1, etc., sont inquiet-e-s de voir disparaître un grand nombre de classes d’enseignement spécialisé qui jouent un rôle fondamental pour les élèves en décrochage.
Le SSP ne s’oppose pas au principe d’intégration défendue par le canton, pour autant que le bien-être et les capacités des élèves soient systématiquement respectés, mais il défend une vision de l’inclusion beaucoup plus large. Pour ce faire, il considère qu’il est nécessaire de maintenir et de renforcer l’enseignement spécialisé qui permet aux jeunes en grandes difficultés scolaires et/ou éducationnelles de trouver un rythme adapté à leurs besoins. Les classes FS ou TE, aux effectifs réduits, constituent déjà une forme d‘intégration scolaire dans l’école ordinaire pour ces élèves qui, grâce à la présence constante d’un-e référent-e, bénéficient d’un accompagnement qui ne peut être égalé dans une classe FR, par exemple pour l’organisation du travail quotidien et son application, la recherche d’une place d’apprentissage, l’inscription dans les préformations, les demandes AI.
Le SSP s’oppose ainsi catégoriquement au projet du Département de l’éducation et de la famille (DEF) qui vise à diminuer de manière linéaire – sans tenir compte des différences socio-économiques et socio-culturelles entre les régions du canton –, le nombre d’élèves en classe FS. Ceci afin d’aligner l’école neuchâteloise sur les moyennes des autres cantons qui présentent pourtant des organisations scolaires et des réalités socio-économiques très différentes.
Par ailleurs, le SSP considère que ces dernières années les élèves et les enseignant-e-s ont déjà payé un trop lourd tribut aux différentes réformes menées tambour battant au sein de l’école neuchâteloise et qu’il est désormais nécessaire de stabiliser et d’améliorer le système actuel.
La réforme du cycle 3, avec son enseignement à niveau pour les branches principales et en classes hétérogènes pour les autres, laisse sur le carreau une partie des élèves en difficultés, incapables de suivre le rythme, par manque d’un suivi plus individualisé, ce qui constitue un échec au niveau pédagogique. Par ailleurs, d’un point de vue organisationnel, les aides ponctuelles qui devraient remplacer le suivi constant des élèves en classes FS ou TE, seront quasiment impossibles à mettre en œuvre au vu de la rigidité et de la complexité de la grille horaire du cycle 3. Par conséquent, la fermeture de nombreuses classes FS /TE et l’intégration des élèves dans des classes FR apparaît ainsi totalement irréalisable au cycle 3.
Pour toutes ces raisons, les enseignant-e-s spécialisé-e-s et les enseignant-e-s de classes régulières ont décidé de se mobiliser pour réclamer que l’inclusion scolaire voulue par les autorités politiques s’effectue de manière réaliste et réfléchie, en prenant en compte les réalités du terrain, et que des moyens suffisants soient octroyés afin de ne laisser aucun élève sur le bord du chemin.
1. La FAPEN (Fédération des associations des parents d'élèves du canton de Neuchâtel) soutient la pétition