Chères, chers collègues,
Le SSP est stupéfait, pour ne pas dire choqué, par le courrier que le Département de la formation, de la digitalisation et des sports (DFDS) et l’Association des communes neuchâteloises (ACN) a envoyé à l’ensemble des enseignant-e-s du canton concernant notre « Pétition contre le passage de 100% à 86,2% des enseignant-e-s de 1-2 Harmos ».
Nous déplorons cette réaction totalement disproportionnée par rapport au poids de notre pétition qui, quand bien même elle a été signée par plus de la moitié des enseignant-e-s de 1-2H, n’est pas contraignante. Pour rappel, notre pétition a pour but de faire savoir aux autorités – qui veulent faire passer un projet d’évaluation des fonctions dans l’enseignement (ECFE) en prenant à certaines catégories d’enseignant-e-s pour revaloriser de manière totalement insatisfaisante les enseignant-e-s de 1-2 H – que les enseignant-e-s de 1-2H ne sont pas d’accord avec la proposition qui est sur la table les concernant et qu’ils-elles demandent une vraie revalorisation !
Le SSP rejette les accusations selon lesquelles notre pétition contiendrait des propos mensongers.
Il est faux de prétendre que notre pétition affirme que les enseignant-e-s de 1-2H verront leur salaire diminuer. Le SSP s’oppose en revanche au fait que leur taux d’emploi passe de 100% à 86% avec la même charge de travail et une revalorisation salariale de 3,5% seulement ! Le travail conséquent que les enseignant-e-s de 1-2H effectuent actuellement correspond à un plein temps ! Si l’État et les communes veulent le revaloriser, et reconnaitre ses spécificités et sa pénibilité, qu’ils augmentent les salaires sans baisse de pourcentage.
Si le SSP se réjouit que l’État et les communes veuillent supprimer la classe A, il demande que cela se fasse sans baisse du taux de travail. En effet, les enseignant-e-s de 1-2H assument un grand nombre de tâches annexes qui ne sont plus comptabilisées comme temps de travail et que le SSP demande de réintégrer dans leurs heures (réception des parents et enfants, surveillance des récréations, signalements (orthophonie, AEMO, psychomotricité, etc.), entretiens avec les parents, rapports et suivi, etc.).
Le canton et les communes relèvent que la question des décharges pour raison d’âge et des primes de fidélité n’ont pas été évoquées à ce stade et qu’elles devront l’être. Le SSP se réjouit d’apprendre que le canton et les communes reconnaissent enfin la nécessité d’aborder ces sujets. En effet, lors des négociations, le SSP a tenté à maintes reprises de mettre ces revendications sur la table, sans succès. Le SSP prend donc bonne note de la volonté des autorités cantonales et communales de prendre enfin en compte les requêtes du SSP !
Pour ce qui est des conséquences sur la caisse de pension, le SSP reconnaît qu’avec le changement de primauté, les enseignant-e-s de 1-2H ne subiraient pas de baisse, vu que leur salaire augmenterait légèrement. Toutefois, pour les autres catégories d’enseignant-e-s qui verraient leur conditions salariales se détériorer, il y aurait bel et bien des impacts négatifs sur leurs rentes.
L’État et les communes démentent les affirmations du SSP selon lesquelles la grille salariale démarrerait à 4000 francs par mois. Pourtant, force est de constater que les salaires des enseignant-e-s neuchâtelois de 1-2H sont parmi les plus bas de Suisse. En 2022, une enquête de Watson sur les salaires des enseignant-e-s en Suisse[1] relevait que le canton de Neuchâtel se situait en avant-dernière place, juste devant les Grisons. Le salaire initial moyen suisse des enseignant-e-s de 1-2H se situait à 74'737 francs, alors que le salaire neuchâtelois débutait (et débute toujours) à CHF 5090.- brut[2], ce qui correspond à un salaire net d’environ 4000 francs par mois. Chacun sait que ce qui compte pour les travailleurs-euses, c’est ce qui est versé sur leur compte ! Si le SSP n’a pas précisé qu’il parlait de salaire net, de toute évidence l’État et les communes n’assument pas que les salaires nets des enseignant-e-s de 1-2 H sont bel et bien proches de 4000 francs !
Enfin, dans leur courrier, l’État et les communes demandent au SSP et SAEN de se mettre d’accord. En réalité, les deux syndicats sont favorables à revaloriser prioritairement les enseignant-e-s de 1-2H et à retourner à la table des négociations. Le SSP, qui a consulté sa base à trois reprises lors d’assemblées générales, a toutefois un mandat impératif qu’il se doit de respecter et qui demande :
- Que l’évaluation des fonctions ne se fasse pas à coûts neutres et que le coût de cette dernière soit à la charge de l’État
- Qu’aucun enseignant-e ne subisse une baise salariale, ni aujourd’hui, ni demain, liée à cette évaluation
- Que la promesse – non encore tenue – du Conseil d’État de réajuster les maximas des classes B à I (« cases roses ») de la grille salariale actuelle soit effectuée de manière prioritaire.
- Que la revalorisation de la classe A (« cases jaunes ») soit effectuée dans la totalité.
Les discussions sur une nouvelle évaluation des fonctions ont débuté en 2017, soit il y a près de 7 ans ! Mais la phase consacrée aux négociations proprement dites a duré moins de 6 mois entre fin 2020 et mai 2021 (fin de la dernière législature), ce qui n’a pas permis de réelles négociations ! Les négociations n’ont pas abouti car le projet du Conseil d’État a été refusé tant par les syndicats que par les communes.
Les syndicats s’opposaient au fait que l’on prenne à certain-e-s collègues pour en revaloriser d’autres et qu’environ 2/3 des coûts du projet soient supportés par les enseignant-e-s. Quant aux communes, elles s’opposaient au fait que ce projet implique de « sérieuses économies pour le Canton[3] ». Les communes ont par ailleurs refusé la proposition des syndicats de revaloriser prioritairement les enseignant-e-s de 1-2H. Les négociations ont donc été suspendues.
En 2022, les communes ont repris le projet du Conseil d’État – sans consulter les syndicats ! – et ont fait une nouvelle proposition. Les enseignant-e-s actifs-ves qui verraient leur fonction rétrogradée (baisse salariale après 5 ans) avec la nouvelle évaluation des fonctions, maintiendraient leur salaire, mais il serait bloqué (sans l’échelon). « Seul-e-s » les nouveaux enseignant-e-s seraient impacté-e-s. Le reste du projet n’est pas modifié́.
Le SSP se prononce contre cette proposition, qui ne revalorise pas suffisamment les 1-2H et pénalise toujours plusieurs catégories d’enseignant-e-s, dont les enseignant-e-s de 3-8H (passage de la classe D à la classe B), à plus de 90% des femmes.
Dévaloriser les enseignant-e-s qui entrent dans la profession et bloquer l’évolution salariale des enseignant-e-s actuel-le-s alors que l’on constate de plus en plus une pénurie d’enseignant-e-s est inacceptable pour le SSP !
Le SSP rejette les accusations selon lesquelles il bloquerait les négociations.
Le SSP, qui a un mandat impératif de ses membres, demande simplement que le projet ne se fasse pas sur le dos d’une partie du corps enseignant !
Si ses revendications sont entendues, il retournera avec plaisir à la table des négociations !
La Chaux-de-Fonds, le 29 septembre 2023
[1] https://www.watson.ch/fr/!895890482#h4_1
[2] Grille salariale 2023 des enseignant-e-s neuchâtelois: https://cloud.hoststar.ch/s/PY6WCgpwYp3m8i5
[3] ECFE – Contre-projet de la CDCIP, courrier de la CDCIP du 13 décembre 2021 à la cheffe du DFDS, p.6